C’est ainsi que je définis mon métier de restauratrice de tableaux, comparable au travail d’enquête que peut mener un détective :
Partir de l’observation,
Recueillir des informations,
Reconstituer les évènements.
Ces méthodes d’investigation, je les retrouve dans mon travail.
Quand un tableau arrive dans l’atelier, c’est qu’il a subi des dégradations.
Il est alors examiné à la loupe. Il faut s’en approcher au plus près, « entrer dans le tableau ».
L’enquête commence. C’est une véritable aventure, voire un défi, car chaque tableau est unique.
Il a son histoire, son passé, que ce soit une œuvre classée, répertoriée ou qu’elle ne possède qu’une valeur sentimentale, esthétique ou historique ; rassurez-vous, je leur accorde la même importance.
« L’enquête » se déroule ainsi :
Observer le tableau, le voir dans son ensemble, puis zoomer et s’en approcher de plus en plus près, afin de rassembler tous les éléments nécessaires à la reconstitution du processus de création.
Trois mots définissent mon métier : Passion, Science et Patience
Amoureuse de l’art, j’ai toujours cherché à voir les œuvres originales, plutôt que leurs reproductions en photos ou dans des albums. Que ce soit en France ou lors de mes voyages à l’étranger, je n’hésite pas à courir les musées et les expositions.
Cette passion de l’art et de la peinture, je la retrouve dans mon travail de restauration de tableaux.
En effet, pour tout tableau qui m’est confié, il faut :
Reconstituer son histoire, son style, connaître le peintre, ses dates, la provenance de l’œuvre,
Analyser les matériaux,
Evaluer les différentes raisons et facteurs de dégradation.
Son propriétaire donne parfois de précieux renseignements, surtout quand c’est un tableau de famille, avec des anecdotes, transmises de génération en génération.
Tous ces éléments (indices ?!) sont alors rassemblés dans un constat d’état.
Mais, la plupart du temps, il faut les compléter par des examens plus scientifiques.
Les différentes méthodes d’examen permettent de déceler, par exemple :
- Des couches anciennes de peinture / des repeints / d’anciennes restaurations,
- Des informations, sur les techniques et les matériaux utilisés par l’artiste, sur les réactions chimiques (tests de produits, solvant).
Ces méthodes, techniques d’analyse physico-chimiques, peuvent être :
- Photo lumière rasante,
- Macro-photo,
- Micro-photo,
- Radiographie infrarouge
- Ultraviolet, lampe de Wood
- Analyse et micro-prélèvements
Toutes les dégradations sont ainsi analysées dans les différentes parties du tableau : du support aux couches de préparation, peinture et vernis.
Le constat d’état va permettre d’établir un diagnostic et de faire des propositions de traitement, que je soumets au propriétaire.
Commence alors le travail de restauration, ou plutôt de « reconstitution » suite normale de mon travail d’enquête.
Attention cependant, la restauration ne permet pas d’extrapoler, il faut respecter l’œuvre !
C’est toujours avec la même passion et dans le respect de l’oeuvre et du peintre que doit se faire la restauration d’un tableau.
Cela requiert une grande palette, faite de sensibilité, riche en couleurs et en émotions, ainsi qu’une solide couche de patience et de persévérance, et de nombreuses touches de minutie, de rigueur, de curiosité.
Le tout dans le respect des règles de déontologie de la profession, à savoir : Réversibilité, Stabilité des matériaux, Lisibilité.
Voici les différentes interventions possibles :
| Refixage de la couche pictural Interventions sur le support Pose de bandes de tension |
| Décrassage Allègement de vernis Dévernissage Masticage Réintégration Retouches Vernis final |
|
Ainsi se termine le travail de restauratrice, mais il ne faut pas oublier d’ajouter à l’ensemble un dossier de photos (avant, pendant et après les différentes opérations), souvent conséquent, mais toujours utile et parfois spectaculaire.
Passion, Science et Patience me paraissent vraiment les principales et indispensables qualités pour une enquêtrice-restauratrice de tableaux.
Des valeurs sûres pour mener« l’enquête » à son terme !